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Highlands, humilité et tricot

Il y a une quinzaine de jours, j'ai été initié au crochet par une amie organisant une soirée confection de bonnet chez elle.

J'ai toute de suite accroché et j'ai eu envie d'arriver rapidement à bout de mon premier bonnet. Avec un peu de patience et de persévérance, j’ai pu dès lendemain exhiber ma première confection.

Une chose en entrainant une autre, la magie de Facebook et des vols low cost, une semaine plus tard je pars en direction de l'Écosse pour apprendre le tricot (bah oui, le crochet c'est rigolo, mais le tricot, ça a l'air quand même beaucoup plus sérieux).


2 heures de stop + Nuit à la belle étoile + Yoga matinal + Vol Easyjet + 4 heures de stop = Inverness

C'est là que je retrouve une amie qui tricote depuis plus 7 ans et fait des trucs vraiment élaborés selon moi.

Petit tour en ville et passage dans une échoppe pour obtenir de la laine locale et des aiguilles circulaires pour mon premier bonnet en tricot !







Pour joindre l'utile à l'agréable, j'avais décidé de profiter de ce voyage pour me challenger un peu, Wim Hof style, avec pourquoi pas un bain dans un loch écossais.

Le lendemain, randonné highlandaise au programme, nous prenons un bus direction Garve.

À peine sortis du bus, il commence à pleuvoir, d'abord modérément, puis le vent se lève, et c'est la vraie tempête écossaise, genre celle qui porte un nom :

"Damien, je te présente les hautes terres d'Écosse accompagnées de leur tempête, ALI".

Après une heure de marche en short/t-shirt, sous la tempête, par 5°C, le moral commence à en prendre un coup. Je me rappelle combien je préfère la neige à la pluie, au moins, la neige reste superficielle et ne va pas jusqu'à tremper le bout de tes orteils.

Je regarde mon amie, qui elle est habillée "normalement", mais qui malheureusement à oublié son imper, jour de tempête, c'est ballot... elle est aussi mouillée que moi, mais garde le sourire, "bah, c'est l'Ecosse en fait".

Mais, comment fait elle ?? Moi... je... je suis entraîné, deux hivers en t-shirt... tempête de neige en Pologne, je me challenge souvent, mais là je craque, c’est trop... je sors mon coupe-vent pour me couvrir.

L’ego en prend un coup, après deux ans à endurer le froid sans broncher, je me rhabille... devant une fille.

On continue encore 30 min, mais cela ne va pas vraiment mieux, un bref coup d'oeil à la météo, ça va être comme ça toute la journée, je lui dis que je ne le sens pas de faire les cinq heures de randonnée comme ça. Elle me répond que si je n’en profite pas, autant rentrer.

"Quoi ? T'es en train de me dire que tu en profites toi ??".


Sur le retour, coups de bol, à peine le pousse levé qu'une voiture nous prend pour nous emmener à Inverness.

Dans la voiture, je cogite, je me sens tel Luke Skywalker arrivant sur Dagobah, recevant un enseignement à la forme inattendue. J'arrivais en Écosse confiant de mes capacités, les aléas de la météo et une compagne fortiche et paf... je me rhabille.

Cette fille m'intrigue, d’où vient ce mental d'acier ? OK, elle vient d'une région assez pluvieuse et elle a pratiqué la marche sous la pluie depuis tout jeune, mais pour moi cela n'explique pas sa facilité à faire une complète abstraction du désagrément pour juste "profiter du moment".

Cela me rappelle de mes cours théoriques de Yoga, il est important d'éduquer son mental, ce petit singe turbulent, pour pouvoir l'orienter dans la bonne direction.

Bah, franchement, elle y arrive super bien, et pourtant elle n'a jamais entendu parler de Patanjali.

J'avais déjà pressenti ça avec le crochet, avec un état méditatif assez profond au bout de quelques heures, et j'imagine que c'est encore plus pointu avec le tricot.

Tricoter c'est apprendre aiguiser à son mental à rester concentré sur une dextérité, un comptage, tout en mobilisant son cerveau pour autre chose (discuter avec des amis, regarder Netflix, écouter la radio ou autre...).

Si si, le tricot ça travaille dharana (la concentration) !

Bref, mon égo en a pris un coup, mais je suis super motivé pour apprendre à tricoter... aller je me lance.

Wow, ce n'est pas évident du tout, déjà faut une certaine dextérité pour ne pas utiliser les deux mains pour enchainer les mailles, et je me rends vite compte que si t'es pas attentif, tu perds beaucoup, mais vraiment beaucoup beaucoup de temps.

Donc depuis 7 jours je consacre le plus gros de mes journées à ce tricot avec pour objectif de le finir (dire qu'avec le crochet c'était plié en 5 heures)...


Au départ je me forçais à recommencer à zéro à chaque erreur, puis après 3 jours je me suis dit que cela serait peut-être mieux d'apprendre à détricoter les rangs plutôt que de repartir à chaque fois de zéro. Mais quand tu détricotes, il faut faire encore plus attention, car t'as vite fait de rater une maille et alors t'es bon pour repartir encore un rang plus bas, si t'en rates encore une à ce rang, tu redescends encore d'un niveau, etc.

Bref pour monter proprement 52 rangs, j'ai du en tricoter probablement 300, y'a encore une bonne marge de progrès...

Donc en plus la concentration cela m'a fait beaucoup travailler le calme, la patience et la bienveillance, car si j'avais commencé à me dire que j'étais nul à chaque maladresse, je n'aurai probablement pas tenu deux heures.

Mais bref, après une semaine à temps plein, j'ai fait mon premier bonnet... aller objectif pour le prochain, le faire en moins de 60 heures ! :-p



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